Lisa Salamandra a collectionné les papiers de baguettes de pain qu’elle achète tous les jours et a laissé sa créativité s’exprimer sur ce medium. Il en résulte une série originale qu’elle a appelée Daily Bread. Peinte sur plusieurs années (de 2001 à 2009), elle a l’avantage de refléter des expérimentations variées mais cependant cohérentes.
Dans la sous-série qui a retenu notre attention, raw meat, Lisa Salamandra a utilisé le collage de publicités ou d'étiquettes de viande crue pour créer des nus féminins parfois inspirés par les classiques. Dans d’après Courbet, elle détruit littéralement le mythe de La naissance du Monde : la sensation de mystère évoquée par l’originale se transforme en un jeu de couleurs apparemment inoffensif allant du blanc au rouge. Pourtant, derrière cette façade, de nombreux tabous sont transgressés sinon évoqués : le sexe bien sûr, la création comme dans l’originale (jusque là rien de nouveau) ; mais le coup de génie de Lisa a été d’introduire la mort pour donner une nouvelle dimension à l’œuvre de Courbet. Aux Etats-Unis, les publicités montrant de la viande crue n’existent pas et Lisa a tiré profit de son œil étranger pour utiliser, peut-être pour conjurer, ces images qui la choquèrent. Le résultat est troublant et mérite le détour.
Elle expose en ce moment : du 5 au 30 novembre 2009, à la Combes Gallery, American University of Paris, 6 rue du Colonel Combes, Paris 7°.