Nous avions aimé au hasard de nos promenades les putréfactions organisées par l'artiste. Détritus, déchets, tas d'immondices ; rien d'abject ne rebute l'artiste qui y trouve un matériau riche de couleurs comme en témoignent ses peaux d'oranges (Sculptcure, 2001) qui passent de l'orange vif au vert bleuté recréant les silhouettes des paysages éloignés du Guilin. L'innommable (la moisissure, la décrépitude de la matière) est désormais exhibé et même érigé au rang de « beau ». Les philosophes occidentaux et les artistes avaient délaissé pendant des siècles la matière considérée depuis Platon comme vile, basse, inférieure à l'immatériel, la pensée. Notre éducation nous pousse également à nous détourner du déchet, le propre et le sale pour Freud constituant notre première table de valeur, avant le bien et le mal. La propreté est même devenue le principe de notre civilisation. Pourquoi revenir alors vers ce principe de réalité que constitue le déchet?
Il pourrait s'agir d'une pensée « jeune » (Blazy a 43 ans) qui ne vit plus dans l'illusion d'un monde aseptisé et propre à outrance. Blazy nous montre ce que nous n'avons pas l'habitude de regarder mais il va bien plus loin. Le déchet lui fournit des matières inédites mais il aime aussi détourner des aliments comme les nouilles de soja qui composent son magnifique Afga Rose de 2007. Ravissement des couleurs, innovation dans les textures, l’art de Blazy ne cesse de surprendre. Exposé à la Fiac en 2008, les travaux de cet artiste émergent méritent l’attention de ses contemporains.
A découvrir jusqu'au 25 avril 2010 à :
Rurart
D 150
lycée agricole Venours
86480 Rouillé